Ce que nous devons à Bush…

(Publicado en Artículos el 3 de marzo, 2006)

(Publicado en francés originalmente en Logo Quibla. Traducción del español por Maria Poumier de Logo Tlaxcala)

Depuis qu’on lui a remis le pouvoir impérial en 2000, (enfin, les gens que son propre père avait installés à la cour suprême de son pays) Bush me fait rire. Sérieusement, et ça ne m’empêche pas de souffrir et de m’indigner, parce que c’est quand même incroyable qu’un clown pareil gouverne la planète, ce bonhomme qui fait à la fois le flic, le juge et l’avocat, dans notre univers.

Oui, je parle du créateur de ses bushées, ces pensées géniales du genre: «demain, l’avenir sera plus beau ; il est temps pour la race humaine de rentrer dans le système solaire!» Plus savant: «la grande majorité de nos importations vient de l’étranger ». «Un faible taux de votants indique que moins de gens sont allés voter ». Et il y en a d’autres.

Voilà ce qu’il a dit à Bill Sammon, correspondant du Washington Times, car il pense que Ben Laden l’a aidé à gagner les élections de novembre 2004, face à John Kerry. «Je me suis dit qu’en la voyant [la cassette diffusée 4 jours plus tôt, où ben Laden fulmine contre Bush et brandit le spectre du 11 septembre] les gens se diraient: si ben Laden ne veut pas que Bush soit réélu, c’est qu’il n’est pas si mauvais».

Il m’épate, Bush. Quelle logique! Sandino, le résistant nicaraguayen abattu en 1934, ne voulait pas d’invasion usaméricaine; ça prouverait que les yankis n’étaient pas si mauvais.

Effectivement, la conquête de l’Afghanistan, de l’Irak, bientôt de l’Iran, la recolonisation de l’Amérique centrale et de la République dominicaine, grâce au Traité de Libre Commerce, plus ce qu’on voit au Mexique, où le président, allié de Bush, parle de «zones de pauvreté inévitable», et les armes de Bush braquées contre Cuba, le Venezuela, la Bolivie et tout autre pays qui ne sache pas dire « yes sir », ça ne serait pas si mauvais, d’après Bush.

Les électeurs américains aussi sont bizarres : pas si mauvais, peut-être, les faillites comme celle d’Enron, la Nouvelle Orléans rayée de la carte parce que Bush n’a rien voulu faire; les employés à la rue, les restrictions budgétaires pour Medicare, Medicaid et l’éducation ; la dette qui bat tous les records, parce que les dépenses militaires sont exorbitantes (d’après nationalpriorities.org, le coût actuel de la guerre est de 244 milliards et demi: $244 577 928 372 exactement, à ce jour). Je ne vois qu’une raison pour qu’ils l’aient réélu, la peur.

Quand on se laisse guider par la peur, il n’y a plus de limites claires entre rationnel et irrationnel. La peur est telle que Bush a pu faire voter des lois qui liquident les droits civiques minimum, comme le respect de la vie privée, la liberté d’expression et de culte ; il a annoncé dans son discours sur l’état de l’Union les écoutes téléphoniques et l’interception du courrier sans ordre du moindre juge ; en fait, il légalise des pratiques déjà bien répandues, et le président Chavez ironise en l’appelant Mr. Danger.

C’est un danger public, ce bonhomme qui n’a toujours pas trouvé d’armes de destruction massive en Irak, ni de ben Laden en Afghanistan, et qui envoie des milliers de jeunes gens devenir des assassins et se faire assassiner, dans une guerre qui n’a pas de sens. Et qui fait des affaires louches avec son clan, autour du pétrole.

Ce qui n’est pas si mauvais, avec le bonhomme (apparemment il n’est pas au courant, ou bien il fait semblant) c’est que les sondages disent que la majorité des Américains ne lui fait plus confiance, ni en matière de finances, ni pour gérer l’invasion de l’Irak, ni pour combattre le terrorisme au moyen de la guerre. Il sait très bien que ce sont les amis de son père qui l’ont fait choisir comme président, et que c’est son frère Jeb Bush, le gouverneur de la Floride, qui techniquement lui a donné la victoire ; après quoi, la peur, la confusion et la haine l’ont porté au pouvoir; ça l’agace tellement de devoir le reconnaître qu’il ne sait plus ni quoi dire ni comment le cacher.

Comme le disait Umberto Eco, on ne peut pas exiger que les gouvernements obéissent aux philosophes et aux savants, mais quand même, ils pourraient écouter les gens de bon sens et aux idées claires. Avec Bush, ce qui apparaît, c’est qu’il est relativement facile de manœuvrer les gens en faisant appel à la peur, à la haine, à la méfiance.

Parmi la minorité de gens qui pensent qu’il n’est pas si mauvais, c’est Bush lui-même, son admirateur le plus fervent. Nous autres, la minorité d’après lui, la majorité selon les mathématiques élémentaires, nous qui vivons au sud de la frontière impériale (à moins que l’empire nous ait déjà avalés), nous vivons une réalité bien différente.

SolidaridadCette réalité n’attend rien des tours de magie de Bush pour embellir notre misère. Mais elle nous apprend que M. George Walter Bush (comme Walker le premier escroc yanki qui mit la main sur le Nicaragua), a réussi quelque chose: les peuples humiliés sont de plus en plus soudés, solidaires dans la conscience que la terre entière ne peut pas et ne doit pas être annexée à l’empire de sa majesté Bush; nous savons, maintenant, que nous méritons le respect, comme d’ailleurs le peuple usaméricain, exclu et oublié, et nous exigeons le respect.
 
Pas si mauvais, Bush, il a réussi quelque chose de merveilleux. Nous unifier dans l’espérance.

Écrit par Ulises Juárez Polanco et traduit par Maria Poumier, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

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